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Être infirmière et Sœur de la Providence dans le monde d’aujourd’hui : soigner et accompagner

  • Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu parcourir le monde pour prendre soin des blessés, des pauvres et autres personnes dans le besoin. Je sentais ce désir grandir de plus en plus en moi au fur et à mesure que j’avançais en âge. À la suite d’une introspection, j’ai opté pour les soins infirmiers parce que je voulais me tenir au chevet des malades, à leurs pieds ; je voulais être là pour eux. Une chose qui peut manquer dans notre métier, c’est d’écouter : en effet, nous sommes parfois surchargées de travail, ou moins bien portantes nous-mêmes, et cela entrave notre  disponibilité pour l’écoute. Le vœu que j’ai fait au Seigneur quand j’ai commencé comme infirmière, c’est de faire de mon travail une prière, de reconnaître Dieu et Jésus dans toute personne dont je dois m’occuper. Être infirmière c’est un privilège : je suis au pied des personnes, au chevet du Christ malade. Ma profession me donne l’occasion de vivre la charité au quotidien, dans le sens que je soigne les plaies du Christ Notre Seigneur. C’est là ma spiritualité, ma manière d’être infirmière dans un monde malade.
  • Étant devenue Sœur de la Providence, je vis doublement la grâce de mon appel. Je peux goûter au plaisir du don total de moi-même comme Marie, Mère des Douleurs. Chaque malade est une personne qui souffre, un mendiant. Parfois ce ne sont pas des médicaments que ces personnes cherchent mais une oreille attentive, quelqu’un qui les comprenne sans les juger, qui les encourage à aller plus loin. Or notre charisme c’est la compassion, la charité en action.  Je suis une de ces privilégiées qui a eu la chance de côtoyer des personnes à la fois malades physiquement, mais aussi profondément blessées dans leur âme, et qu’il faut soigner et aussi accompagner. Voilà autant de gestes que Mère Gamelin posait avec ses dames âgées. Pour moi, la grâce d’être Sœur de la Providence et infirmière trouve aujourd’hui tout son sens parce que toute personne souffrante est un Christ malade que je dois soigner, accompagner, comprendre et guider, pouvoir les accompagner et être témoin de leur guérison est une grâce inouïe. Il n’y a pas de meilleur endroit pour une Sœur de la Providence que d’être à l’écoute d’une personne dans le besoin. Établir un lien de confiance où l’autre se sent accueilli et ne craint pas de s’exprimer en profondeur peut mener à une guérison à la fois intérieure et extérieure.  Ce sont autant de petits miracles du métier qu’on reconnaît dans un contexte de Foi.
  • J’ai accompagné toutes sortes de personnes : des femmes qui veulent avoir un enfant, des couples brisés, des jeunes en quête d’identité, des personnes âgées, des transgenres. J’ai compris que les gens ont un besoin profond d’être aimés. Je n’ai pas toujours été en mesure de répondre à tous leurs besoins, mais dans la plupart des cas, je me trouvais au bon endroit au bon moment. La phrase la plus entendue dans ma carrière d’infirmière a été « c’est la Providence qui t’envoie » ; cela me confirme que je suis exactement là où je dois être. J’ai aussi accompagné des personnes en fin de vie, une expérience très dure mais très riche sur le sens de la vie et de la mort. Je peux témoigner que pour beaucoup de mourants c’est extraordinaire de voir toute l’ouverture avec laquelle ils en viennent à accueillir la mort comme un passage. Être infirmière c’est être servante, et une Sœur de la Providence est une servante ;  Notre Seigneur n’a-t-il pas dit : « Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir » ?  C’est le choix que font les Sœurs de la Providence de se mettre au service des plus nécessiteux. Or en Haïti il y en a énormément. Le plus dur c’est d’ailleurs de ne pas pouvoir faire grand-chose même si on le désire. Le manque de moyen rend la vie si difficile que parfois je me demande si je remplis la mission à laquelle j’ai été appelée : servir les pauvres.
  • En Haïti, les gens ont besoin de nous, Sœurs de la Providence, aujourd’hui plus que jamais, parce que la vie est de plus en plus difficile, et seuls ceux qui ont un peu de moyens économiques peuvent s’offrir le luxe d’aller à l’hôpital et d’être éduqués. Je rêve de pouvoir un jour soigner dans un hôpital appartenant aux Sœurs de la Providence en Haïti et de pouvoir ainsi répondre au besoin de soigner intégralement les gens et aussi de les accompagner.

Sœur Juedie Elismat, s.p.