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Nos sœurs en Haïti

La Providence, toujours là, passera quand même par nos sœurs de la maison du noviciat (car les Sœurs de la Providence ont deux maisons à Port-au-Prince), prêtes à nous partager leur eau venant régulièrement dans leur réservoir. Il y a aussi une pénurie de carburant pour la génératrice surtout si l’électricité, rare en ce moment, arrivait à manquer ; pénurie de gaz propane, mais, nous avons aussi du charbon, comme quoi il y a toujours place à la confiance et à la créativité pour survivre…

C’est au cœur de la Rencontre internationale des sœurs en formation initiale et des « formatrices » en formation continue que nous avons vécu l’impact de la mort tragique du président de la République d’Haïti le 7 juillet dernier.

Dans cette Rencontre, j’ai pris conscience de la formation que je reçois chaque jour, en vivant avec des sœurs de trois cultures différentes : haïtienne, égyptienne et camerounaise, en plus de la mienne, canadienne, et de différentes générations surtout dans la vingtaine et au début de la trentaine !

Mes consœurs ont déjà parlé des premières réactions face à la situation du pays et avec peu d’analyses pour le moment où c’est encore la confusion en Haïti et ailleurs. J’ai des mouvements d’angoisse moi aussi quand je vois les pénuries : l’eau potable se fait plus rare en ce moment et le niveau d’eau de notre réservoir est très bas, faute de pluie et à cause du bris dans le système de conduction dans notre secteur. Aucune réparation n’est possible en ce moment.

La Providence, toujours là, passera quand même par nos sœurs de la maison du noviciat (car les Sœurs de la Providence ont deux maisons à Port-au-Prince), prêtes à nous partager leur eau venant régulièrement dans leur réservoir. Il y a aussi une pénurie de carburant pour la génératrice surtout si l’électricité, rare en ce moment, arrivait à manquer ; pénurie de gaz propane, mais, nous avons aussi du charbon, comme quoi il y a toujours place à la confiance et à la créativité pour survivre…

Je prends également conscience de mes réflexes communautaires et personnels de « canadienne » ; je fais des réserves pour les jours sombres à venir, comme l’écureuil à l’automne fait provision des noix pour passer l’hiver.

Toutefois, je peux dire que mes angoisses diminuent en les partageant aux autres et en entendant les émotions de mes consœurs en communauté ; nos vulnérabilités se rencontrent et ça fait jaillir des solutions et si elles ne sont pas disponibles pour le moment, c’est l’Espérance qui nous fait vivre les situations difficiles avec notre humour et des activités pour détendre l’atmosphère.

Surtout, tout cela se vit avec des temps réguliers de prière communautaire : la prière en église avec le bréviaire et notre vécu, l’adoration et Complies chaque soir avant le repos de la nuit.

Je veux ajouter aussi la dimension du « Variant », particulièrement à Port-au-Prince et les autres environs, où des évêques, des religieux et religieuses sont décédés de la COVID-19. Cependant, toutes les autres personnes atteintes n’en parlent pas et souvent, heureusement, avec leur jeune âge, elles guérissent à la maison en prenant des remèdes de thés et feuilles.

Ayant connu l’expérience douloureuse de nos sœurs de Montréal atteintes de la Covid-19, je ne vous cache pas mon inquiétude face à ce virus, pour nos deux maisons en Haïti, sachant que le vaccin n’est pas encore disponible. Je me sens beaucoup mieux maintenant, encouragée par l’infirmière de la communauté, sœur Juedie Elismat, à renforcer notre système immunitaire avec la vitamine C, D et l’inhalation de vapeurs de gingembre, girofle, ail, et/ou des feuilles dans l’eau chaude, que nous buvons ensuite. Les vaccins c’est pour bientôt…

Présentement, je sens que nous apprenons à vivre autrement et, j’en suis sûre, c’est grâce à la foi du Peuple haïtien qui nourrit également ma foi en la Providence et ma spiritualité de Marie au pied de la Croix de son fils qui souffre dans le Peuple haïtien en attente de la vérité, de la libération et de la Paix.

Je me sens vraiment en communion avec vous en écrivant ces lignes, car vous nous aimez, vous priez pour nous, vous avez hâte de nous voir en présentiel et c’est réciproque.

Providence de Dieu, je vous remercie de tout

Diane Sarrasin, s.p.